Alexis Gibergues, président de l’OTRE : « Certains transporteurs se retrouvent proches du dépôt de bilan »
11 octobre 2023
Après la traditionnelle soirée de rentrée de l’OTRE, le 4 octobre, son président Alexis Gibergues évoque pour Transport Info les principaux défis qui attendent ses adhérents dans les prochaines semaines.
Transport Info : Il a beaucoup été question de transition énergétique lors de la soirée OTRE. Que faut-il retenir ?
Alexis Gibergues : Antoine Pellion, le secrétaire général à la planification écologique est venu expliquer son plan de transition écologique. Nous lui avons rappelé que si nos adhérents comprenaient la nécessité d’un tel plan, ils se trouvaient tous confrontés à un contexte difficile. Ils subissent en effet des hausses de coûts alors que dans le même temps leur activité baisse avec des carnets de commande en berne.
Cet effet ciseau, source de tension sur les trésoreries, explique les difficultés rencontrées par de nombreux dirigeants dont certains se retrouvent proches du dépôt de bilan. Le climat des affaires n’est pas bon et les petites structures en particulier sont très vulnérables. Il est donc urgent de faire comprendre que la priorité, c’est d’aider nos entreprises à s’en sortir.
“Le rétrofit est une solution de bon sens.”
Nous pouvons saluer à ce titre l’abandon par le gouvernement du rabot sur la TICPE pour 2024. La suppression de cette dernière, toujours programmée par la loi Climat et résilience d’ici 2030, ne peut d’ailleurs s’opérer qu’à deux conditions : la disponibilité d’énergies alternatives, ce qui n’est pas encore le cas, et la mise en place de dispositifs pour harmoniser le plan européen. Nous y veillerons.
TI : Lors de la soirée, vous avez également mis en avant les atouts du rétrofit. Pourquoi ?
AG : Nos adhérents sont très volontaires dès qu’il s’agit de transition énergétique, mais encore faut-il leur donner des outils pour la réaliser dans de bonnes conditions. Pour parvenir à tenir les objectifs de réduction de nos émissions, on se projette à la fois sur un mix énergétique, lorsqu’il y aura un réseau crédible pour les autres énergies, mais nous devons aussi exploiter les solutions comme le rétrofit. Elle représente une bonne illustration de la façon de faire évoluer nos motorisations à moindre coût.
“Les chargeurs doivent contribuer au financement de la transition de manière plus forte.”
C’est une solution de bon sens, mais qui nécessite de faire sauter les verrous administratifs et financiers, d’où la signature de la prolongation d’un partenariat avec le Crédit Coopératif, lequel s’engage à favoriser un financement ouvert au rétrofit toutes énergies. Pour baisser ses émissions, le transport ne peut pas agir seul. Nous ne sommes qu’un élément d’une chaîne et il est primordial d’intégrer le consommateur et le chargeur à la réflexion.
C’est l’objet du travail amorcé avec la feuille de route de décarbonation. Il faut continuer dans ce sens et poursuivre le dialogue avec nos clients, ce qui n’est pas facile lorsqu’on est une TPE ou une PME de transport, car les rapports de force son souvent inégaux. C’est pourquoi il faut ouvrir le dialogue aux pouvoirs publics afin que les chargeurs contribuent au financement de la transition de manière plus forte.
TI : Vous avez proposé d’augmenter les grilles conventionnelles de + 4,2 % au 1er janvier lors de la dernière réunion de NAO. Allez-vous faire un effort supplémentaire lors de la prochaine rencontre programmée le 11 octobre ?
AG : Nous sommes dans une dynamique d’attractivité et avons la volonté de valoriser nos métiers, mais cette volonté se heurte à la conjoncture qui n’est pas bonne. Je compte sur nos négociateurs pour trouver le juste équilibre.
TI : Quels sont vos dossiers prioritaires pour 2024 ?
AG : Nous allons poursuivre le travail amorcé, avec comme objectif de permettre à nos entreprises de tenir et de conquérir de nouveaux marchés. Et l’OTRE qui a désormais une moitié d’adhérents venant du transport de personnes, va donner une place plus importante à ce secteur d’activité en continuant à creuser son sillon pour développer encore sa représentativité.
Source : Transport Info